Les sens à vif
Difficile de redescendre sur terre !
À tant essayer de décrire les effets du désir, il s'est installé. Assoupi certes, mais je le sens encore bien là, pelotonné au creux du ventre, n'attendant que l'heure de Vous retrouver pour déployer ses ailes.
Inopiné : j'aime quand il m'effleure, l'air de rien : une image, une musique, évocations indirectes de Vous, et c'est son doux chatouillis qui éveille mon ventre. Ces désirs fugaces me surprennent toujours, justement parce qu'ils surviennent quand je m'y attends le moins : en voiture, au supermarché, en promenade avec le chien… Il arrive même que son irruption (éruption ?) me fasse sursauter ! Et puis, comme il est venu, il s'envole… jusqu'à la prochaine fois.
Tenace : en pensant à Vous, il s'insinue plus bas dans mon ventre. Des picotements d'abord et des frissons du dedans. L'impression bientôt que mon sexe se resserre sur une main invisible dont la pression s'intensifie. Ma respiration, elle aussi, semble subir une étreinte, comme lorsque Vous me serrez très fort entre vos bras. Curieusement c'est vers l'intérieur que mon sexe semble être aspiré. Il peut durer indéfiniment, et j'aime le prolonger sans le satisfaire.
Voluptueux : lorsque je me caresse, sur votre autorisation, il est encore différent, car il naît sous mes mains. De mes pensées, de mon imaginaire, il prend vie à la source même du plaisir. À mesure que j'imagine Vos mains sur moi, en moi, jouant éventuellement avec un gode, la tension augmente. Je sens mes lèvres gonflées de ce désir de Vous plus présent. Il m'ouvre et m'arque, il me dresse et me creuse, il me mouille et me réchauffe… jusqu'à me projeter dans une sublime jouissance que je Vous offre.
Somptueux : lorsqu'il survient au cours de nos échanges emesséniens, c'est peu à peu qu'il fait son chemin. Je connais son parcours : s'il commence en sourdine, je sais son ultime et tendre violence. S'il commence dans mon ventre, il remonte aussi à mes seins qui se dressent et se tendent comme pour atteindre Vos mains ou Votre bouche. Comme si vous les tiriez à Vous par une chaîne invisible. Puis il s'étend à mon sexe qui n'est plus que sensations, qui devient mon épicentre. Morsure, pincement, étirement, succion, rien ne lui est épargné pour me transporter encore plus loin, plus profond, plus près de Vous. Contrairement au désir "inopiné", j'ai l'impression que c'est à l'extérieur de moi qu'il me tire, m'étire. C'est si délicieux que je n'ai pas toujours envie de m'offrir sa satisfaction. Mais si je Vous offre alors un orgasme, il est aussi sauvage que le désir qui l'a déchaîné.
Emparadisant : c'est le désir qui naît de nos rencontres et de nos jeux. Car il est tous ces désirs à la fois. Depuis mon départ pour Vous retrouver jusqu'à nos heureuses retrouvailles. Il est vagues, remous, tempête. Il me prend toute pour me donner à Vous. Il est tressaillements, lorsque Vous m'attachez. Frémissements lorsque mes fesses reçoivent l'assaut de Vos mains ou de tout autre instrument à elles dédié. Gémissements sous les caresses de Vos mains qui me fouillent au plus profond de mon intimité. C'est vers Vous, cette fois, qu'il me tend. Il est désir de Vous tout entier et partout à la fois. Que Vous pénétriez dans ma bouche, que Vous vous glissiez entre mes cuisses, que Vous vous frayiez un passage entre mes fesses… Il est attente de nos plaisirs mêlés. Il est superbe et sublime comme la jouissance partagée qui est son apogée.