Le Maître du plaisir et la funambule

Votre souffle m'offre un répit, vent léger qui me parcourt.
C'est le moment que Vous choisissez pour venir remplacer le plug. Mon cri de plaisir s'étouffe dans le bâillon.
Tout se mêle, je brûle de partout, de la pointe de mes seins pressés contre le dossier du fauteuil à mon pubis que chacun de Vos assauts projette contre l'osier.
Autant que mes liens le permettent, j'accompagne vos élans. J'aime ce plaisir animal, cette sensation extrême d'être Votre possession. La louve alpha.
Courbé sur moi, Vous me libérez du bâillon. Une main tenant mon collier l'autre sur ma hanche, "je veux entendre ton plaisir, mais je ne veux pas que tu jouisses. Je veux que tu t'approches le plus possible du bord. N'aie pas peur, laisse-toi aller, je te tiens".
Même sans l'appui caressant de mes mains, je sais qu'il ne faut pas grand-chose pour que cette boule qui roule en moi implose. Mais je Vous sais attentif au moindre signe annonciateur, au rythme de ma respiration, au balancement de mon corps. Les yeux fermés sous le bandeau pour mieux me ressentir, je deviens funambule.
L'exercice est doublement périlleux pour Vous, aussi profitez-Vous d'une de mes apnées au bord du… "plein" pour Vous retirer et me laisser pantelante, mais fière de ne pas être tombée en l'air.
Sans me laisser reprendre mes esprits, Vous me détachez et me guidez vers le lit. Comme on le ferait d'une poupée, Vous m'allongez, disposez mes membres comme il Vous plaît, diminuez l'angle d'ouverture de mes bras, abaissez, montez un genou… J'aime sentir Vos mains qui me manipulent précautionneusement mais fermement. Toujours aveuglée par le bandeau, je ne peux qu'imaginer Votre visage grave, concentré, puis lorsque l'attitude Vous convient, la petite lueur dans votre regard :  elle a dû s'allumer, car Vous ne me touchez plus. Dans ce silence, ces quelques secondes sans contact direct avec Vous me semblent interminables. Enfin, prestement, Vous m'encordez au lit et à moi-même, jusqu'à ce que mon corps tendu, écartelé, ne puisse se dérober ni à votre regard ni à vos mains.

L'attente encore. Pourtant je ne me sens gênée ni de la position ni de me savoir observée. Je Vous ai fait don de mon corps, Vous pouvez en user comme bon Vous semble. Au creux de moi se réveille le désir, qui bientôt gorge ma vulve et y bat comme un deuxième cœur.
Votre voix enfin : "Nous allons continuer de jouer les équilibristes… et voir combien de temps tu préfèreras toujours le désir à sa satisfaction…"
Vous remettez le plug en place.
Vous ouvrez mes lèvres, froissez leur dentelle, tandis qu'un doigt lentement me pénètre, fait le tour du propriétaire et ressort.  Un premier pincement me surprend alors que je me laissais aller à cette douceur. Puis d'autres, autant que de pinces dont vous parez mes lèvres maintenant tenues écartées.
Faisant écho à ce tourment de mon entrejambe, répond celui de mes tétons que Vous tirez par leurs anneaux. J'ai l'impression que toutes ces vibrations se croisent dans mon ventre.
Le frôlement du vibro, associé aux légères rotations imprimées au plug, m'arrache des gémissements. À peine quelques centimètres en moi que déjà Vous le retirez, dosant savamment les moments d'excitation et de répit.
Surprise à chaque sensation nouvelle, ayant à peine assimilé l'une qu'une autre survient, je sens mon ventre palpiter. Ne plus chercher à comprendre ce qui se passe, juste ressentir : dur, doux, léger, pesant, chaud, froid. Tout mon corps, tour à tour caressé, pincé ou étiré, reçoit l'hommage tendre ou douloureux de son Maître.
D'un coup je me sens fendue alors que plonge dans mon sexe embrasé un gode glacé. Malgré les entraves, mon bassin se soulève un peu. C'est le gode gonflable que Vous commencez à ajuster. Je le sens lutter contre le plug pour occuper un maximum de place. Je monte encore d'un cran sur mon fil lorsque Vous jouez avec la télécommande des vibrations. Mais Vous savez parfaitement jusqu'où m'amener sans me faire trébucher.
Irradiée, rayonnante, je ne suis plus que vertige et langueur intimement mêlés.
Vous défaites alors les pinces, chaque libération suspendant un instant mon souffle et provoquant un plaisir incandescent.
Votre bouche vient me réconforter, gobant mon sexe tout entier, y appliquant enfin sa langue bienfaitrice.
Vous avez gardé le plus sensible de mes points pour la fin. Vous commencez à agacer le bouton magique de la pointe de Votre langue et je sursaute à son contact. L'une de vos mains se pose sur mon ventre, apaisante et néanmoins autoritaire.
Encore, Vous alternez savamment douceur et rudesse, langue et doigts, pour l'exciter jusqu'à l'extrême tension.
Profitant de mon relâchement, Vous insinuez un à un Vos doigts adorés en moi, me caressez de l'intérieur, découvrant mes trésors les plus enfouis, sentant la présence amie du plug dans mes reins. Je joue moi aussi avec votre main, l'étreignant dans ce fourreau soyeux où elle s'est aventurée. Mais je sais aussi que ces contractions vont accélérer l'inexorable explosion du plaisir.
J'ai l'impression que mon corps se soulève, et ma respiration s'affole.
"Maintenant, laisse-toi partir".
La langue à plat sur mon clitoris, pressant, gourmand, aspirant, inspiré, Vous me dégustez comme une glace.
Je fonds, je flotte. Mieux qu'un funambule, je vole !

Comments

[princesse03]

Wouah, un seul mot; bravo.
A vous relire.